(gilet sans manches noir ─ en laine italienne, six boutons de fermeture, ainsi que deux poches passepoilées élégantes ─, chemise blanche, cravate en grenadine de soie, pantalon de costume noir d’ébène ─ en laine italienne ─, sacoche mallette en cuir noir et au tannage végétal, chaussures assorties)
«
Lloyd ! Nous ne vous attendions pas si tôt ! » «
J’ai finalement réussi à me libérer un peu plus tôt que prévu. »
pourquoi diable semble t-elle si embarrassée ? «
Oh mais si vous préfèrez je peux— »
me voilà déjà à faire un pas en arrière, mais c’est sans compter sur cette main particulièrement fraîche qui me retient. «
Non non non, restez donc ! Entrez entrez ! Nous étions justement en train de débarrasser les tables. »
j’aurais dû prévenir. «
Avez-vous déjà mangé ? » sourire aimable : cette hospitalité me fait toujours chaud au cœur. «
Oui, mais je vous remercie de vous en inquièter, Hélène. »
mes mirettes virevoltent, le plus discrètement possible, de la senestre à la dextre et inversement. «
Comment se portent nos chères têtes blondes ? » car oui, si je suis ici c’est pour les enfants, pas pour discuter le bout de gras avec Pierre, Paul et Jacques — bien qu’ayant énormément de respect pour cesdites personnes. «
Ce sont de vraies piles électriques : ils attendaient cette journée avec grande impatience. »
Hum ? «
Chaque visite est un cadeau de Dieu pour eux, Lloyd. Et en m’entendant dire à la secrétaire que vous alliez venir, ils ont été plus que réjouis ! »
je ne suis pas certain que ma visite soit agréable pour tout le monde : en effet, quelques-uns des spécimens de cette habitation n’ont pas leurs vaccins à jour.
«
... Quelle chance que d’avoir deux visites aujourd’hui ! Comme ils sont excités ! »
deux ? quelqu’un est donc déjà présent ? en voilà une excellente nouvelle ! Peut-être un potentiel futur parent ? «
Deux hôtes de qualité, qui plus est ! » cette euphorie en vient à me donner le tournis. «
Puis-je me permettre de vous demander qu─ » «
Le docteur est là ! Le docteur est là ! »
Écarquillement de l’orphelin doré. Que─ ? La sacoche me glisse des doigts et tombe à même le sol quelque peu poussièrieux : il ne suffit que de deux microsecondes pour m’apercevoir qu’une petite fille aux longs cheveux blonds est venue s’accrocher à mon bras
─ petit koala en devenir.
Les démonstrations affectives sont monnaie courante ici, mais je ne m’y attendais pas, là, tout de suite ; sans doute trop embrûmé dans mes pensées. «
Attention Blanka ! » «
Oh non non, ne vous en faites pas, laissez-la, il n’y a pas de mal. Vraiment pas. » ce n’est qu’une enfant
─ de sept ans, me semble t-il, de mémoire ─ , rien ne sert de la blâmer pour le coup ; bon et puis j’ai un peu d’entraînement avec Carla en parallèle.
C’est toujours un plaisir de les voir déborder le vie. Je m’abaisse pour être un peu plus à sa hauteur et pose un genou au sol. «
Alors Blanka, comment vas-tu ? » faire la conversation avec les enfants est agréable et touchant au possible. «
B─ bien... » pourtant, certains détails ne m’échappent pas si facilement :
son bras. «
Oh mais dis-moi... tu as là un sacré beau pansement. » «
Je suis tombée à la récré... et en plus tout le monde a rigolé... » la petite moue qu’elle m’adresse ensuite me laisse perplexe :
la voilà qui s’entortille les doigts et se pince les lèvres à tour de rôle. «
Elle n’en fait qu’à sa tête, si vous saviez... »
Aurais-tu fait une ânerie, jeune fille ? Nul doute que la plaie a déjà été désinfectée, mais il me faudra y jeter un petit coup d’œil tout de même.
Je ne peux empêcher un tendre sourire de se dessiner sur mes lippes.
Brouhaha - Brouha.
C’est sans compter sur la véritable petite armée de bambins
(une quinzaine) qui s’infiltre dans la salle principale : un « bonjour » à l’unisson qui en dit long. Impulsion à la clef, la fillette achève son oeuvre en m’entourant totalement : ses bras se retrouvent autour de mon cou et ses jambes autour de mon tronc
─ je pense pouvoir décréter que je suis officiellement un bambou sur pattes.
Je me redresse pour la porter en hauteur ─ et j’en profite également pour bien la placer, histoire qu’elle ne subisse pas une énième chute ─, bien que je sache que ce n’est pas une bonne habitude.
Mon visage se grime soudainement d’une expression (faussement) plus sérieuse. «
Alors alors : qui va donc être ma première victime ? » c’est un peu l’image du grand méchant loup qui s’est infiltré dans la bergerie.