Personne ne connait sa véritable identité. Personne ne sait quand elle a vu le jour. Personne ne sait vraiment l'aborder convenablement. Personne ne sait où cette sorcière a vu le jour, probablement maltraitée par son maître, au vue des réactions qu'elle a en perdant la mémoire. Pour elle, le monde n'a pas d'importance. La perte de mémoire l'aide. Enfin, disons qu'elle l'aide à être ce qu'elle est maintenant. L'Homme est violent. L'Homme n'en fait qu'à sa tête. Telle est sa destinée de périr, il ne peut aller à l'encontre du destin. Ecoutez donc l'histoire de cette sorcière que je suis. Elle n'était qu'une enfant. Une orpheline. Une esclave d'après certaines rumeurs. Elle avait mal de ne pas être aimée, d'être traitée comme une moins que rien. Quoi de plus naturel après tout? Ses parents n'avaient rien trouvé de mieux que de la vendre (contre de l'argent) à un homme violent, méchant. Rien de bien florissant en soit. L'amour, la tendresse? Que pouvait-elle y connaitre? Un jour cependant (certainement le seul jour positif pour elle), la jeune fille aux cheveux verts rencontra quelqu'un de bon, de bien avec qui elle parla. Elle lui accorda sa confiance, discuta de ses rêves, de ses idées; des sujets qui n'intéressent pas réellement les étrangers en temps normal. Pourtant il écoutait fidèlement, ne se permettant aucun soupir, aucune grimace devant les différentes anecdotes. Elle lui accordait une telle confiance. Une confiance tellement grande. « Prie le Seigneur. Lui n'abandonne jamais des fidèles dans le besoin. » Sans surprise, il l'abandonna à son tour. C.C ne connaissait pas son prénom, ne savait rien de lui. Lui qui dans le fond, savait tant d'elle depuis quelques temps. De ce fait, et ne trouvant aucune autre issue, elle s'engagea sur la route de l'église, ne se laissant pas terrasser par les conditions météorologiques. Non, elle n'y parvint pas. A ce moment, l'église vint à elle; lui apportant une nonne. Une religieuse qui prétendait pouvoir l'aider, lui donner l'occasion de réaliser son rêve: être aimée de tous. Juste un petit détail, une seule promesse à tenir. Un contrat mis en place. La vie suivait son cours, la demoiselle grandissait et tout allait pour le mieux du monde. Les prétendants s'enchainaient, la joie comblait sa vie. Oui enfin, du moins c'est ce qu'elle aimait à laisser penser. Tout n'était qu'illusion. L'engagement est une chose très importante aux yeux des possesseurs de Geass. Et dire que la mort était à sa portée ce jour là. Et dire qu'elle aurait pu connaître le bonheur de mourir. Mais arriva le moment de mettre fin à la vie de cette femme qui l'avait tant aidée. Membre d'une religion. Femme qui lui brisa le coeur par la suite, lui annonçant alors son destin, condamnée à son tour à l'immortalité.

Les souvenirs. On peut les regretter, on peut les maudire mais en aucun cas les changer. « C'est inutile. » Un Lelouch, perdu dans un univers tout de noir et blanc vêtu. Un Lelouch qui ne comprend que la moitié de ce qui lui arrive. Deux C.C. « Ce sont mes souvenirs. Tu ne peux en aucun cas intervenir. » l'étonnement dans le regard pour l'un, l'indifférence pour l'autre. « Qui es-tu? » « Je suis Lelouch. Je suis ton... » changement de décor. Regarde Lelouch. Vois comme ce passé est bon à ignorer.

Nous étions deux. Elle, la nonne. Moi, la pauvre petite orpheline. Elle, la forte. Moi, la faible. Abritées sous le maison de Dieu nous discutions. J'étais à bout de force, lasse de cette route qui ne m'avait pas rendu plus forte au final. Non. J'étais fébrile, sans famille, sans ami; pas même une personne à qui parler, à qui confier mes secrets. « As-tu une raison de vivre? » cette question résonna dans mon esprit quelques secondes, puis vint la réponse « Je ne sais pas... mais je ne veux pas mourir! » qui désirerait mourir après tout? La vie m'en avait déjà tellement fait baver. J'en avais vu des choses et pourtant, je voulais vivre. C'était ma volonté. « Alors concluons un pacte. Je te donnerais la force de continuer à vivre. En échange, pourras-tu exaucer juste un de mes souhaits, un jour? » Ne pas réfléchir et accepter. Accepter sans vraiment demander les conséquences que cette action pourrait m'attirer. Accepter sans même penser à un éventuel « futur ». Mais ce que je ne savais pas -ce que je me refusais à penser- c'est que derrière toutes ces belles paroles se cachait une tout autre réalité. Le Geass qui s'est manifesté en moi me permettait d'être aimée. « Aimée? » « Oui car au plus profond de mon coeur, je voulais simplement être aimée par quelqu'un. » les images de mon passé commencèrent à défiler, me montrant enfant, encore souriante à l'époque. Mon voeu fut exaucé. Grâce à mon Geass, je fus aimée par tout le monde. Mais j'étais trop aimée, et à cause de cela je devins incapable de distinguer le véritable amour. Elle était la seule personne en qui je pouvais avoir confiance. Le Geass n'ayant pas d'effet sur elle, c'était la seule qui me grondait parce que je m'amusais. Pourtant...

« Oui oui. J'ai jeté tous les cadeaux comme tu l'avais dit. Mais je n'avais pas le choix, tu sais? » Les yeux. Mes yeux. Le pouvoir divin, à force d'utilisation avait fini par avoir raison de moi. « C'est de la faute du Geass tout ça. » l'innocence même d'une fille recevant maintenant trop d'amour. « Je te suis reconnaissante, Ma soeur, mais pour te dire la vérité, ça commençait vraiment à m'embarrasser. » J'étais tout de même contente, enfin des gens m'aimaient, me demandaient en mariage, m'accordaient de l'importance. D'une part, cela me faisait plaisir et d'un autre côté... d'un autre côté cela n'avait rien de naturel, ils ne m'aimaient pas pour ce que j'étais. Ils ne m'aimaient que grâce à ce pouvoir. « Dans ce cas mettons-y fin. » La surprise se lisait dans mes yeux. La terrible vérité ne demandait qu'à tomber. « Quelqu'un doit prendre ma place et mon éternité. Quelqu'un avec un Geass plus fort que la normale. » Je ne pouvais détacher mon regard de cette religieuse si mystérieuse sur le coup. « Ce fut si douloureux, c'était un véritable enfer de continuer à vivre. » D'une voix amusée, et pensant qu'elle se jouait de ma personne, j'ai alors osé troubler son discours. « Hein? Mais de quoi tu parles? » Je n'oublierais jamais cet effroyable rictus qui s'est peint sur son visage. C'était affreux, effrayant, pure folie. « Quel dommage! » Non, sa voix à elle seule résumait toute la folie qui l'habitait. « Tu t'es faite avoir! » J'ai commis un meurtre. Je l'ai tuée. Il ne me restait qu'à baigner dans son propre sang, condamnée à mon propre sort. Pour elle, mon existence n'était qu'un moyen de mettre fin à sa vie. C'est tout ce que j'étais.

Tous ceux qui m'ont haïe et tous ceux qui se sont montrés gentils avec moi ont disparu avec le flot du temps. La vie était et est ainsi, on ne peut rien y faire.
Tout était joué. Faire basculer une vie: c'est facile dans le fond. Innocente. Idiote. Immortelle. Elle était dés à présent intouchable, vouée à errer pour l'éternité. La leurrée n'avait plus personne, elle était de nouveau seule. Le temps passait et c'est avec le temps que C.C voyait la situation évoluer, la perversion de l'Homme et cette incroyable soif de pouvoir. Toujours plus, rien ne pouvait les stopper. Il ne lui restait qu'à voguer de terre en terre afin de trouver celui qui serait digne de posséder ce puissant pouvoir. Damnée. Condamnée à errer jusqu'à trouver la bonne personne. Considérée comme indésirable, elle fut chassée et traitée de sorcière. Les choses ont changées: c'était de la que venait la carapace de méchanceté.

Et vint le tour de Mao. Ce petit chinois, orphelin âgé de six ans au plus. Il pouvait. Il avait et devait avoir la force de la tuer. Au final... Il devint dépendant d'elle, passionné par le fait qu'elle soit la seule à lui résister, la seule en qui il ne puisse pas lire. Et Mao s'y attacha, niant bien vite le fait qu'il faille la tuer. Je m'en suis séparée.

Un passé. Un présent. Un dur avenir.

une rencontre qui changea le cours de l'Histoire.

La guerre contre les Elevens et la prise de pouvoir du Gouverneur Clovis. Tout le monde en souffre et certains décident enfin de se rebeller, en proie aux pires abominations. Les actes terroristes ne font que se multiplier, faisant de jour en jour plus de victimes encore.
Un convoi impérial qui transporte une arme extrêmement toxique. Le noir. Un noir intense. Je suis plongée dans le noir. Une capsule. Oui, cela fait des jours maintenant que je suis enfermée dans cette maudite chose. Des turbulences se font sentir et le camion vacille de droite à gauche. Arrive enfin le moment de vérité, le moment où comme par magie, il se présente à moi. Lelouch. Un étudiant du lycée Ashford, tenu en vie grâce à ses idées de vengeance, à sa volonté de faire justice. Je l'ai attendu tellement longtemps. Je l'ai attendu et enfin je le trouve, lui, celui qui peut encore remplir un accord. Son intelligence. Sa façon d'être. Oui, c'est le bon cette fois. Je suis consciente de ce qu'il se passe. Lelouch se questionne « Mais qui diable es-tu? » « Qu'est-ce que tu es pour eux? » et puis une autre voix vient tout troubler « Vous les avez trouvés? Cherchez les! » les soldats britanniens. Décidément, rien ne semble les faire lâcher. Un portable sonne, nous sommes pris comme cibles. Repérés. « Imbécile. Si tu t'étais mêlé de tes affaires... Nous n'aurions pas eu à te tuer? Mais maintenant que tu as vu cette fille... » « Qu'est-ce que les britanniens veulent en faire? Qui est cette fille? » « ça ne te concerne en rien. Tu t'es bien débrouillé pour un étudiant, on voit que du sang britannien coule en toi. » le tuer. Non je ne dois pas les laisser le tuer! « Ne le tuez pas! Non!! » Dans un automatisme, je me jette devant lui et me prends la balle en pleine tête. Jouer le rôle de la fille morte durant quelques secondes, dans l'idée de rendre l'effet de surprise encore plus fort, plus important. Et au final, sa main. Discrètement je pose la mienne contre la sienne et entre en contact mental. « Tu ne veux pas que tout s'arrête, n'est-ce pas? Alors... Tu sembles avoir une raison de vivre... Pour la mener à bien, je peux te donner un pouvoir. Voici le pacte que je te propose. En retour, tu devras faire quelque chose pour moi. Si tu es d'accord, tu vivras dans ce monde, mais tu sers différent de ses habitants. Des principes différents, un temps différent, une vie différente. Ce pouvoir de roi te rendra solitaire. Si tu es déterminé à l'accepter... »« J'accepte le contrat! » il a dit oui. Il a accepté sans même chercher à connaître les inconvénients, les effets secondaires. L'accord est passé. Enfin un nouvel espoir. Un échec intéressant pour le Gouverneur Clovis, terrassé par un lycéen dorénavant doté du Geass. Lelouch? Un allié? Non. Je ne l’ai jamais considéré comme un allié, seulement comme un complice.